Jean Capdeville débute la peinture en 1947, par « désœuvrement ». Profondément lié à la Catalogne mais désireux aussi d’exister hors du modèle parisien, il vit et travaille à Céret. Son œuvre témoigne dés lors d’une attention portée aux interrogations de l’art d’après guerre : abandon au geste involontaire, retour à l’essentiel, révélation de la création « pure ».
Aux paysages figuratifs de ses débuts, toujours déserts de personnages, ont succédé des micro paysages presque abstraits, reflets d’eau, brindilles… Depuis plusieurs années, sa palette s’est progressivement réduite. Sa peinture et son contenu sont exprimés par les moyens plastiques les plus purs. Le noir s’affirme comme élément récurrent, mat amorti, il est chargé de contradictions : renvoi à la mort, notamment le deuil de ses parents, érotisme, humilité et pauvreté comme dans « Sans titre ».
Dans cette « esthétique de la disparition » font irruption des matériaux étrangers (matières plastiques, papiers froissés, papier calque, vernis…), des signes nerveusement tracés (croix, graffitis, chiffres ou signature), qui dérangent, déstabilisent un espace autrement voué à la passivité. Comme chez Tapiès, l’œuvre devient lieu de transgression, de mémorisation, de confidence amoureuse.