Juan Gris

Séjours à Céret en 1913 et 1921, séjour à Collioure en 1914.

Né en 1887 à Madrid, Juan Gris se rend à Paris en 1906 où il rencontre Picasso au Bateau-Lavoir. Il est très impressionné par les œuvres cubistes de Braque et de Picasso qui deviennent rapidement ses amis. Pour autant, il ne devient pas un suiveur du mouvement, il lui donne plutôt une dimension plus intellectuelle et constructive. Dès 1911, après une importante activité d’illustrateur, il affirme sa propre interprétation de la décomposition analytique du motif et utilise les techniques du pochoir, du faux bois, du faux marbre… Les objets pris dans des plans superposés sont fragmentés.

En 1912 il fait son entrée au Salon des Indépendants avec la toile Hommage à Picasso, Guillaume Apollinaire qualifie l’œuvre « d’expression du cubisme intégral ». La même année il participe à l’exposition cubiste des galeries Dalmau de Barcelone puis à l’exposition de la Section d’or à la galerie La Béotie à Paris.

En 1913 il passe un contrat avec le marchand d’art Henri Kahnweiler et rencontre sa future épouse Josette. C’est avec elle qu’il vient passer l’été à Céret. Dans son travail, il a alors recours à la technique du papier collé et reconstruit l’objet représenté à partir d’éléments disparates. Des constantes de couleur — comme le bleu ou le violet — apparaissent dans ses tableaux. En 1914, il passe l’été à Collioure où il se lie d’amitié avec Matisse. Il revient à Céret en 1921, toujours accompagné de sa femme et demeure dans la ville pendant sept mois.

Verre et journal, réalisé en 1916, présente des éléments du quotidien que l’on retrouve souvent dans les natures mortes cubistes : le verre, la pipe, le journal, la table… Le plan de la table se dresse à la verticale, l’angle droit en bas à l’angle haut gauche, tandis que la vision fragmentée des objets se répartit en éventail de la pipe au verre, dans une diagonale du bas gauche du tableau au coin droit en haut. Après 1914 il abandonne la composition par diagonales ou verticales pour un schéma plus ramassé et ordonné autour d’un centre facilement identifiable, préférant même la disposition ovale ou rectangulaire.

Le musée de Céret a dans ses collections plusieurs œuvres de l’artiste : Torero datant de 1913 associant crayon et gouache, une aquarelle de 1922, Arlequin, ainsi que La danseuse des ballets russes de Diaghilev de 1924. Il est à noter que le torero est le dessin préparatoire de l’unique peinture réalisée par Gris se rapportant au thème de la corrida. La tradition tauromachique de Céret marquera plusieurs artistes comme Braque, Picasso ou Manolo.