Edouard Pignon

Séjour à Collioure en 1946.

Né dans le Pas-de-Calais, Pignon travaille dans sa jeunesse à la mine. En 1925-26, il s’installe à Paris où il travaille en usine. En 1931-33, il s’inscrit au parti communiste. À partir de 1935, il peut se consacrer davantage à la peinture grâce à un emploi de lithographe qui lui laisse plus de liberté. Il devient en 1942 membre du groupe des « Jeunes peintres de tradition française ».

Les années de l’après-guerre marquent un tournant dans la production artistique à Céret. À la génération de Picasso, Gris, Chagall succède un ensemble d’artistes nés après 1900. Édouard Pignon vient passer l’été à Collioure en 1944 et 1945. Il accumule les croquis, dessins et aquarelles préalables aux peintures.

L’œuvre Catalane sur fond bleu est influencée par ses séjours à Collioure. Le peintre montre un visage, une expression, des mains marquées par l’âge et le travail. On retrouve dans cette œuvre l’influence picassienne.

Lors de son séjour à Ostende en Belgique (1946), son travail évolue vers un mode de production sériel. De grandes séries thématiques se mettent en place : Batailles, Têtes de guerriers, Plongeurs, Moissons, Homme à l’enfant, Mineurs, Coqs…

Puis en 1949, Pignon s’installe dans le Midi de la France à Sanary. Il y est attiré par les oliviers, arbres noueux et torturés. Il remplit ses carnets d’études de paysans. Le peintre conçoit son art comme une quête de la réalité, il peint un ensemble de séries ayant comme point commun un thème se poursuivant sur plusieurs années et préalablement préparé par des dessins pris « sur le vif » dans des carnets de travail. Il conjugue les exigences d’une fidélité à la nature avec celles de l’abstraction, en lien à une prise de conscience du jeu des formes et des couleurs.

L’homme et l’olivier est une œuvre ensoleillée par un fond ocre jaune. Elle présente l’image d’un arbre noueux dont les branches s’entrecroisent jusqu’au-dehors du tableau. À la courbure d’une de ces branches répond symétriquement le demi-cercle formé par une figure humaine penchée, représentée en plein effort. Pour le peintre l’olivier serait un moyen majeur d’entrer dans un nouvel espace.

En 1951, à l’invitation de Picasso, Pignon se rend à l’atelier du Fournas, à Vallauris. Sur le premier pot en terre crue que lui tend son ami, Pignon dessine un combat de coq, scène si souvent observée dans sa jeunesse dans le milieu des mineurs du nord. Plus de deux cents pièces de céramiques voient ensuite le jour et sont exposées dès 1954 à la Maison de la Pensée française à Paris. De nombreuses pièces, ainsi que des carnets de croquis, reflètent les observations menées par l’artiste au Louvre dans les salles de céramiques antiques mais aussi lors de son premier voyage en Italie en 1949.

La découverte du travail en volume et du sens du mouvement que la céramique implique ouvre à Pignon une autre voie capitale : la sculpture monumentale. En 1958 il reçoit la commande d’une grande céramique pour le pavillon de la ville de Paris à l’exposition internationale de Bruxelles. Avec la collaboration du céramiste Michel Rivière, Pignon s’émancipe rapidement des contraintes architecturales. Il travaille en usine avec de nombreux techniciens pour des muraux dont les surfaces ne lui permettent plus un simple travail en atelier. Le bas-relief du centre artistique d’Argenteuil, réalisé en 1970, couvre une superficie de cinq cents mètres carrés. Très vite, il ne s’agit plus de réaliser de simples décorations murales mais de véritables sculptures.

Entre 1948 et 1959, il participe aux spectacles de théâtre montés par Jean Vilar pour le Théâtre national populaire. Ce dernier lui propose, en 1948, de concevoir les costumes et les décors de Shéhérazade de Jules Supervielle pour le festival d’Avignon. Une première collaboration suivie de celle autour de Mère courage et ses enfants de Bertold Brecht au festival de Suresnes en 1951. S’investissant comme à son habitude, Pignon devient l’associé même de la mise en scène. La critique salue à maintes reprises l’apport spécifique du peintre à la conception des décors et sa capacité à servir le texte par l’habillage des comédiens.

Le musée possède vingt-quatre œuvres d’Edouard Pignon dont huit données par l’artiste, le reste ayant été déposé par de généreux collectionneurs privés, en majorité par le fils et la fille de l’artiste.