Leopold Survage

Plusieurs séjours à Collioure à partir de 1925.

Survage, né Sturzwage, en dépit de sa place aux côtés des plus grands peintres de la première moitié du siècle et de sa création est un artiste peu connu du public. Peintre et poète ayant reçu une formation musicale à Moscou, Survage arrive à Paris en 1909 où il suit quelque temps les cours de Matisse et découvre le travail de Cézanne. Il expose pour la première fois au Salon des Indépendants, dans la salle des cubistes. Très vite, il s’intègre au milieu des peintres de Montparnasse et développe un vocabulaire pictural très personnel en se détachant du cubisme.

Il entreprend, en 1912, un projet de film d’animation Rythmes colorés, pour lequel il effectue 200 compositions abstraites qui le place à la fois parmi les premiers peintres abstraits et parmi les créateurs du cinéma en couleur. Le rythme est l’élément fondamental de son œuvre : « La surface plane est le domaine sur lequel évoluent les images. La forme est génératrice d’un rythme ou d’un réseau de rythmes. Du rythme naît la sensation d’espace qui suscite, à son tour, l’impression de durée. Le rythme est le facteur constructif d’une surface. Il l’organise et en scelle l’unité. Il est formé par les contours du corps ». Survage accentue ainsi la construction de ses toiles. En 1919, il fonde avec Gleizes, Braque, Archipenko la Section d’or, association internationale des artistes et littérateurs modernes. Des expositions sont organisées en France et à l’étranger.

En 1925, Léopold Survage découvre la ville et le port de Collioure. Par la suite, il vient chaque année s’installer quelques mois dans la pension de Pauline Quintana. Ces séjours marquent une étape importante dans l’évolution de son art. La luminosité intense détermine les volumes mais surtout, il revalorise la présence humaine dans ses compositions : femmes de pêcheurs plantureuses, porteuses, joueurs de balles, pleureuses aux châles noirs, baigneuses… Les angles s’adoucissent, des contours linéaires cernent des nus monumentaux, les drapés des femmes renouent avec l’Antiquité méditerranéenne. Les œuvres peintes à Collioure traitent des thèmes issus de la vie quotidienne dans le port, la palette colorée est restreinte : ocre, marron, vert, bleu, blanc.

Dans Marchande de poissons les deux personnages sont disposés de part et d’autre d’un axe vertical. Ils sont traités par des aplats de couleurs qui s’opposent aux parties traitées en modelé, tel le bras du personnage du second plan. De la même manière, le trait peut être soit noir, soit blanc. La notion de profondeur est donnée par la ligne fuyante et par l’exagération de la taille du bras droit de la marchande.

La composition de Femme à la fenêtre est rythmée par une série de trapèzes qui détermine des plans différents. La catalane marchant avec un panier sur la tête assure la liaison entre le premier plan, la main qui est comme le prolongement du spectateur, la femme à la fenêtre et le plan des lointains. Cette œuvre a été donnée par l’artiste lors de la création du musée.