Albert Marquet

Séjours à Collioure en 1905, 1912, 1914 et 1940.

Marquet étudie à l’école nationale des Arts décoratifs de Paris où il se lie d’amitié avec Henri Matisse. Élève par la suite à l’école des Beaux-arts, puis dans l’atelier de Gustave Moreau, il copie les œuvres de Lorrain, Chardin et Corot au Louvre. Peintre de figures ou de paysages, utilisant alors la couleur pure mais toujours avec mesure, il excelle également dans les croquis pris sur le vif sur les boulevards parisiens. Citant souvent une phrase d’Hokusai, « Arriver à ne pas tracer un point qui ne fut vivant », Marquet s’emploie à fixer d’un trait et dans toute sa fugacité le sens d’un geste.

Ses premières toiles sont partagées entre impressionnisme et style nabi. Ses natures mortes sont à la manière hollandaise du XVIIᵉ ou de Chardin. Sa palette est presque monochrome : blanc, noir, beige. Également ami avec Manguin, avec lequel il se rend à Saint-Tropez en 1905, il abandonne très vite ces tons pour la palette fauve. Puis ses couleurs s’adoucissent vers les tons de mauve, saumon, beige, quitte à revenir à des teintes plus vives lors de ses séjours au Maroc et en Algérie. Marquet ne parcourt pas seulement la France — Bordeaux, Marseille, Le Havre, La Rochelle — mais aussi le monde : Tunisie, Norvège, Roumanie, Grèce, Suède, Hollande, Italie, Suisse, URSS… au gré de ses amitiés. En 1907 il est à Londres avec Friesz et Camoin. En 1908 il est à Naples avec Manguin et Eugène de Montfort, puis au Havre avec Dufy, à La Rochelle avec Signac en 1920… il vit aussi à Tanger, Marrakech…

C’est par ses paysages urbains, vues plongeantes de villes ou de ports, qu’il s’impose : Hambourg, Alger, Bordeaux, Marseille, La Rochelle, Amsterdam, Collioure, Paris et ses bords de Seine… Dès 1920 et surtout pendant ses voyages, Marquet a soin d’emporter avec lui un grand cahier de feuilles blanches et une boîte de couleurs à l’eau, ce qui lui permet de noter rapidement les impressions qu’éveillent en lui les paysages nouveaux. Ses nus, peints dès 1910, sont plus austères et réalistes.

Séjournant à Collioure en 1940 il rend visite au céramiste Artigas à Céret. C’est à cette occasion qu’est réalisée l’aquarelle Le Castellas à Céret, vue de la demeure cérétane de Pierre Brune. Comme souvent dans ses paysages, Marquet se place en surplomb par rapport au panorama qui s’en trouve élargi, puis rabattu dans sa profondeur sur le premier plan. L’horizon n’est plus qu’une petite bande en haut du tableau.