Marc Chagall La terre est si lumineuse

Marc Chagall et la céramique

Exposition
15 février 2008

La diversité des modes d’expression est une permanence chez Chagall. En 1922, à Berlin, il appréhende la technique des eaux-fortes. Plus tard, aux USA, il s’adonne à la lithographie couleur, puis aux arts de la scène pour le théâtre juif. Lorsqu’il va s’employer à la céramique ce domaine est depuis longtemps réhabilité aux yeux du monde artistique. A la fin du 19ème siècle, Gauguin s’adonne déjà à la céramique ; en 1907 le Salon d’Automne présente les pièces de Renoir, Bonnard, Derain, Rouault, Matisse… Marquet et Dufy réalisent des décors d’intérieurs en céramique. Ce travail est d’ailleurs encouragé par les marchands d’art eux-mêmes : Vollard présentera les fauves au céramiste André Metthey.
Après la Seconde Guerre mondiale, Pierre Matisse expose à New York les pièces réalisées par Miró et Artigas, pièces qui seront montrées quelques années plus tard, en 1948, à Paris par Aimé Maeght dans sa galerie. Tout porte à croire que Chagall a vu ces pièces. Quand il arrive dans le Midi en 1949 Braque travaille avec Artigas, Picasso est à Vallauris, Matisse travaille aussi avec le couple Ramié.
Chagall s’installe à Antibes dans l’atelier « La poterie des remparts ». D’une très grande prodigalité il réalisera plus de 220 pièces entre 1949 et 1972. Toutes les pièces sont uniques, contrairement à Picasso, Chagall refusera le principe de l’édition.
Les premières productions s’adaptent aux formes traditionnelles de la céramique culinaire. Très vite Chagall tire parti des formes mais aussi des cuissons pour obtenir le velouté des couleurs, jouant de la lumière et de la profondeur grâce à l’alternance des vernis mats et brillants. Les possibilités de la matière elles-mêmes sont exploitées. En 1951 il profite de l’aspect grenu et poreux de la terre chamottée pour donner une intensité dramatique ou une nouvelle sensualité aux sujets.
Puis il travaille le volume et obtient une complexité formelle de plus en plus grande. Les vases deviennent de purs volumes plastiques et atteignent ainsi un statut d’objets autonomes. Sa réflexion sur les oppositions entre espaces intérieurs et extérieurs l’amène à innover dans la céramique comme le ferait un sculpteur.
Les séries réalisées à partir de 1950 comme « Les Fables de la Fontaine » ou les ensembles concernant la Bible affichent clairement leur correspondance avec celles réalisées en peinture et lithographie sur les mêmes thèmes. Chagall adapte les motifs en accentuant ou en simplifiant les traits pour adapter la lisibilité du sujet à la céramique.
A la même période il dirige aussi sa recherche vers la céramique murale : comment agrandir l’image sans détruire l’unité visuelle. Là aussi les premières créations sont directement liées aux thèmes de ses œuvres picturales (L’horloge, Le saint voiturier, le village…).
L’exposition s’attachera ainsi, pour la première fois, à mettre en évidence les transpositions réalisées par Chagall entre le dessin, la gravure, la peinture et la céramique. Un accent particulier sera porté sur les œuvres en céramique qui pourront être accompagnées de leurs dessins préparatoires ou des toiles qui ont exploité les mêmes thèmes, qu’il s’agisse des pièces de forme, des plats ou des plaques. Transversalement toutes les thématiques de Chagall seront abordées dans leur grande richesse : couples, religion, cirque, fables de la Fontaine, monuments, nus, mythologie, natures mortes…
Ce projet s’inscrit également dans la série d’expositions temporaires réalisées par le musée de Céret mettant en évidence le rapport des artistes du 20ème siècle avec les arts appliqués : Dufy en 2003, Picasso en 2004, Pignon en 2005-2006.
L’exposition vise également à exploiter l’intérêt fortement pédagogique qui consiste à exposer au grand public le processus qui permet à l’artiste de renouveler et vivifier sa réflexion esthétique en changeant de support.

Des visites guidées (3,50 euros en sus du tarif d’entrée) ont lieu à 15h tous les samedis et dimanches, des audioguides sont disponibles en permanence (3,50 euros en sus du tarif d’entrée).
Visites familiales tous les mercredis à 15h : ouvertes aux enfants de 6 à 12 ans accompagnés d’au moins un adulte. Tarifs: gratuité totale pour les enfants, 6 euros par parent accompagnateur.
Renseignements au 04-68-87-97-34.

A luminous land, Chagall and Ceramics
From February 16 – May 25th

Chagall always found many forms to express himself through art. In 1922, while in Berlin, he experimented etching. Later on in the United States he worked with coloured lithography and created sets and other designs for the Jewish Theatre. He would later begin to work with ceramics, a form of expression, finally recognized by the art world, after many years. At the end of the 19th century Gauguin already began working with ceramics. In 1907 the “Salon d’Automne” exhibited the works of many artists: Renoir, Bonnard, Derain, Rouault, Matisse etc. Marquet and Dufy created ceramics pieces for interior decoration. This form of art was encouraged by the art dealers themselves. It was Vollard who introduced the fauvists to the ceramicist André Metthey.
After World War II Pierre Matisse exhibited in New York some pieces by Miró and Artigas which, later, in 1948 would be shown in Paris at Aimé Maeght’s art gallery. One could easily believe that Chagall saw this work. When he arrives to the south of France in 1949, Braque is working with Artigas, Picasso is in Vallauris, and Matisse is working with the Ramié’s, husband and wife.
Chagall moves in Antibes at “La poterie des remparts” studio. Between 1949 and 1972. He prodigiously created more than 220 pieces. Each piece is unique, and contrary to Picasso, Chagall refuses to make editions of his work.
His first works followed traditional ceramic firing methods. Very quickly Chagall succeeds in obtaining, with the use of form and firing, velvety textures and colours, while also playing with light and depth through contrasting matt and glossy glazes. He explores the possibilities of the internal characteristics of the substance. In 1951 he takes advantage of the porous quality of clay to obtain a dramatic intensity and convey a new sensuality to his works.
Subsequently Chagall will work with volume and obtain an ever so more formal complexity. His vases become volumes of great plasticity attaining the quality of pure and independent objects in themselves. His reflections regarding the opposites of internal and external spaces encourages him to work ceramics as a sculptor.
His works after 1950, as for instance “Les Fables de la Fontaine” or the series portraying biblical themes, are clearly related with those topics he gave form in painting and litography. Chagall manages to adapt these motifs to his ceramics by simplifying the traits so as to facilitate the comprehension of the themes.
During the same period he investigates ceramic technics for its use in murals: how to expand the image without destroying the visual unity. These works are also directly linked to the themes of his pictorial works (“L’Horloge”, “The Holy Coachman”, “The Village”…).
For the first time, this exhibition will emphasize the existing connection in Chagall’s designs, paintings, sculptures, and ceramics. A special emphasis will also be placed on the preparatory designs employed in the making of objects, bowls and dishes which used identical pictorial themes. All of Chagall’s favourite subject matter will viewed and their interelation: couples, religion, the circus, “Les Fables de la Fontaine” monuments, nudes, mythology, still lifes…
This project belongs to a series of temporary exhibitions offered by the Museum of Modern Art of Céret which highlights the relationship of 20th century artists with the applied arts: Dufy in 2003, Picasso in 2004, Pignon during 2005-2006.
This exhibition, with clear pedagogic intentions, aims to show to the general public the creative process artists used when making new works and the esthetic reflextions which accompanied their creations.